Victor Strassenberg
VOYAGE D'UN OPTIMISTE ou Tour du monde d'un imbécile heureux.
"Amazonie subéquatorienne
Pucallpa.
Assis sur une barque renversée d'un bleu décrépit, j'observais avec attention le va et viens des dockers indiens. Voutés comme St Pierre, les bons et ingénus Pucalpiottes s'attelaient à leur tâche avec humour et alégresse. (Chose qui peut paraitre étonnante aux yeux d'un Européen, vu la difficulté de leur labeur et les fétides éfluves dont était baigné le port tout entier.) Remuant lentement mes orteils dans mes sandalles, je me sentais vivre, assis sur ma barque perchée sur le toit du Pedro Martin II. Soixante heures déjà, qu'il aurait du quitter le port, mais faute d'administrateur, la barje s'était transformée en un lieu magique croulant sous les hamacs, les caisses de citrons et les tricycles à moteur. C'est dans ce cafarnäum indescriptible qu'apparut le vieux marxiste, ou plutôt le révolutionnaire atypique d'un âge certain. Lunettes cubaines rayées, chemise Lacoste fraichement repassée et appareil photo post-soviêtique, étaient ces caractéristiques. Il vint nous quemender de l'aide à cause d'un problème avec l'appareil sus-mentionné. Le problème de ce pauvre homme fût vite résolu. Un film, voilà tout ce qu'il lui manquait! C'est à cet instant précis que débuta le soliloque ininteressant mais néanmoins passionné du vieil érudit Péruvien. (...)"
Editions de Minuit
VOYAGE D'UN OPTIMISTE ou Tour du monde d'un imbécile heureux.
"Amazonie subéquatorienne
Pucallpa.
Assis sur une barque renversée d'un bleu décrépit, j'observais avec attention le va et viens des dockers indiens. Voutés comme St Pierre, les bons et ingénus Pucalpiottes s'attelaient à leur tâche avec humour et alégresse. (Chose qui peut paraitre étonnante aux yeux d'un Européen, vu la difficulté de leur labeur et les fétides éfluves dont était baigné le port tout entier.) Remuant lentement mes orteils dans mes sandalles, je me sentais vivre, assis sur ma barque perchée sur le toit du Pedro Martin II. Soixante heures déjà, qu'il aurait du quitter le port, mais faute d'administrateur, la barje s'était transformée en un lieu magique croulant sous les hamacs, les caisses de citrons et les tricycles à moteur. C'est dans ce cafarnäum indescriptible qu'apparut le vieux marxiste, ou plutôt le révolutionnaire atypique d'un âge certain. Lunettes cubaines rayées, chemise Lacoste fraichement repassée et appareil photo post-soviêtique, étaient ces caractéristiques. Il vint nous quemender de l'aide à cause d'un problème avec l'appareil sus-mentionné. Le problème de ce pauvre homme fût vite résolu. Un film, voilà tout ce qu'il lui manquait! C'est à cet instant précis que débuta le soliloque ininteressant mais néanmoins passionné du vieil érudit Péruvien. (...)"
Editions de Minuit
